Pardon du Bergot Lannilis 20/05/13

Pardon du Bergot Lannilis 21/05/18 présidé par l'Abbé Jean Simier

Pardon du 25/05/15

 

LA CHAPELLE SAINT-YVES DU BERGOT

 

C'est l'ancienne chapelle du manoir de Bergot ou Moguer, elle appartenait au 16ème  siècle à une branche cadette des Kerouartz, représentée successivement par Judicaël de Kerouartz, François de Kerouartz, son fils, né au Bergot le 19 mars 1568, et François de Kerouartz, son petit-fils, né également au Bergot le 5 mai 1588.

 
 
 

La chapelle et le manoir passèrent au siècle suivant aux seigneurs de Kervenny-Bergot qui n'y résidèrent pas. Sous l'Ancien Régime on desservait dans cette chapelle deux fondations, dites chapellenies, l'une d'un revenu annuel de 90 livres avec charge d'une messe basse tous les dimanches, l'autre d'un revenu de 28 livres avec charge de trente messes par an. L'un des neuf ou dix prêtres de Lannilis était spécialement chargé de la messe du dimanche au Bergot. Parmi ces desservants, l'un de ceux qui le restèrent le plus longtemps est l'abbé Claude-René des Bouillons, né à Lannilis le 9 avril 1710 et mort également dans notre paroisse le 23 février 1774. Son neveu, l'abbé Joseph Lescalier, né dans notre bourg le 21 mars 1736, lui succéda. Il mourut pendant la Révolution à Landunvez (3 octobre 1795) après avoir cruellement souffert pour la Foi dans les prisons de Kerlot à Quimper et Landerneau.

La chapelle du Bergot fut fermée sur ordre du district de Brest en juillet 1791 et les habitants du quartier manifestèrent aussitôt un violent mécontentement qui se tourna contre la municipalité de Lannilis, et particulièrement contre le maire Girondin Déniel, futur guillotiné. L'indignation atteignit son paroxysme lorsque le 30 janvier 1793, les cloches des deux chapelles du Bergot et de Poulfougou furent descendues pour être menées à la fonte. Il y eut de véritables scènes d'émeute. 

Après la Révolution, la chapelle a appartenu à divers propriétaires, et le dernier d'entre eux, Monsieur Fily du Bergot, l’a cédé à la commune récemment, afin que puisse être monté un dossier de sauvegarde de la chapelle. 

La restauration de la chapelle est en cours de finition actuellement. Il aura fallu plusieurs années pour pouvoir monter le dossier auprès des autorités compétentes. Les travaux extérieurs terminés, c’est l’association de sauvegarde du patrimoine de Lannilis qui a suivi le dossier avec la municipalité de Lannilis. Il faut saluer le dévouement des voisins de l’édifice qui ont pendant des années œuvré à l’entretien et à la réfection de cette chapelle. 

Peu de gens auraient imaginé que cette chapelle puisse un jour retrouver cette splendeur. pour vous donner une idée de la tâche accomplie, voici deux photos que j'avais faites de la chapelle ruinée. 

 


1 LANNILIS

La chapelle Saint-Yves du Bergot Par Annick Caraës et Yves Pascal Castel

La chapelle du Bergot, récemment restaurée, est située à environ 4 kilomètres du bourg de Lannilis sur la route ancienne, qui passant sur les hauteurs de l’Aber-Wrac’h mène à Lesneven. Elle se trouve en fait sur l’itinéraire antique qui partant de Carhaix aboutissait à la mer. Saint Yves du Bergot se trouve à quelques centaines de mètres en amont du Pont-Crac’h, selon la légende, pont gaulois qui relie les terres de Lannilis aux terres de Plouguerneau. Comme tant de chapelles plantées dans la campagne bretonne, ce n’est pas faire injure à Saine-Yves du Bergot de dire qu’elle prend rang parmi les plus modestes. Tant et si bien que les auteurs l’ont presque oubliée. Que ce soit Ogée (« Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne(vers 1778), « nouvelle édition A. Marteville et P.Varin, 1843 ».Que ce soit J.-F Brousmiche (« Voyage dans le Finistérien 1829, 1830et 1831 »), Que ce soit Toscer, dans « Le Finistère pittoresque »paru en 1908. Saint Yves du Bergot n’a pas non plus eu l’honneur d’une photo dans le récent « Patrimoine artistique du Finistère » des éditions Flohic(novembre 1998).Il est vrai que la ruine n’en valait pas la peine. Il revient, néanmoins à Louis Le Guennec, qui en évoquant la paroisse de Lannilis qui »ne comptait jadis pas moins de dix-sept chapelles, de citer à propos du manoir du Bergoët la « chapelle Saint Yves, encore debout(…) visitée processionnellement le lundi de la Pentecôte » « (« Brest et sa région », édition »Les amis de Louis Le Guennec »,1981). Redisons-le, Saint Yves du Bergot est modeste à tous points de vue. On a ici une architecture et une mise en œuvre des matériaux des plus simples. Plan rectangulaire, maçonnerie faite de moellons tout venant, même pour la façade, la pierre de taille étant réservée au clocheton, aux encadrements des baies et aux chaînages d’angle.  L’éclairage est dispensé par la baie relativement étroite du chevet, et par un petit fenestron percé dans le mur sud vers le maître-autel.  A l’ouest , le clocheton coiffé en mitre est on ne peut plus simple. Du point de vue du style, à voir le large cavet de la baie du chevet, les accolades qui agrémentent le linteau du clocheton ainsi que le linteau d’un bénitier intérieur, on dira qu’on est au XVIe siècle. Mais si, pour faire court on dit XVIe siècle, cela exclut une homogénéité, car on relève des transformations postérieures dont on reparlera…

Jalons concernant l’histoire de la chapelle

Le sanctuaire dépendait du manoir voisin qui portait le nom de Bergot ou du Moguer . Les « Borgoët » ou « Bergoat »ou « Bergot » avaient pour armoiries : « d’argent au chevron de sable accompagné de trois coquilles de sable » (ou de gueules certaines sources). ON les donnait possessionnés dans les paroisses de Plouvien, (Keraliou) et de Plabennec(Kerdavid)( ?), Pontarroudouz (?). Si Kerdavid et Pont-ar-roudour de Plabennec donnés en référence par Courcy, ne figurent pas dans la liste actuelle des lieux-dits de Plabennec, en revanche Keraliou existe bien en Plouvien, à environ un kilomètre au sud ouest du bourg. Ainsi le blason « argent et chevron de sable… »indiqué plus haut se relève, répété, dans le bras nord du transept de la chapelle Saint-Jaoua non loin de la demeurance de Keraliou. Les hommes de la famille Bergot se signalent , dans les références et montres, les revues des gens de guerre issus de la noblesse. »L’Armorial et Nobilaire » de Pol Potier de Courcy, complété par la notice distribuée lors des journées du patrimoine en 2004 affiche une belle série de ces gentilshommes en état de porter les armes. En 1413, Guillaume, en 1426, Hervé, en 1470, Yves, en 1503, 1517, et 1534, Jehan. En 1543, c’est un Kerouartz, Ollivier qui est le Seigneur du Bergot.  Il blasonne : « d’argent à la roue de sable accompagnée de trois croisettes de même ».François de Kerouartz, fils de Judicaël naît au Bergot le 19 mars 1568.  Le fils de ce François naît également au Bergot le 2 août 1588. En 1636 Bergoët est toujours entre les mains des Kerouartz. Par la suite, le manoir et chapelle passent aux seigneurs de Kervenny-Bergot,  une famille alliée aux Kerouartz, dont Michel de Kervenny en 1674, qui n’y réside pas.  EN 1744, Charles de Clérambault, sieur de Bergot, se réserve, comme présentateur, le droit de présenter un clerc pour la chapelle considérée comme son bénéfice. Mais Charles de Clérambault ne réside pas sur place. Commisaire général à la marine au Port-Louis, il loue les 16 hectares de terres à Louis Uguen tout en confiant le bénéfice de la chapelle à Claude René Bouillon, prêtre du diocèse de Léon.

2 A cette époque, les honoraires des messes célébrées dans la chapelle provenaient de deux fondations. Le revenu annuel de l’une d’entre elles était de 90 livres avec charge pour le chapelain, l’un des dix prêtres que comptait, sous l’ancien régime l’importante paroisse de Lannilis, de célébrer une messe basse tous les dimanches.  Au Bergot se desservait aussi une chapellenie fondée par le prêtre Jean Hillion, chapellenie dite de Lanano et Bergot. Le revenu de cette chapellenie qui se montait à 28 livres, imposait, la célébration de 30 messes par an qui s’ajoutaient aux services dominicaux. 

Quelques évènements familiaux…

Outre le service ordinaire de toutes ces messes qui se déroule au long des jours dans le sanctuaire, nous sont parvenus les échos de quelques autres évènements religieux. Ainsi le’ 74 décembre 1659, Jean Lossouarn , sans doute l’un des familiers du manoir du Bergot , se trouve affligé d’une grave maladie. Néanmoins encore capable de se déplacer on le voit se rendre à la chapelle, où l’abbé Jean Berre entend sa confession. Le lendemain 8 décembre, une fête de la vierge, il y reçoit le sacrement de l’Extrême Onction. Mais ses forces continuant à l’abandonner Jean Lossouarn meurt dans les semaines qui suivent. Le 22 décembre il sera inhumé à Lannilis. La chapelle connut aussi des fréquentations moins tristes. Le 10 janvier 1678, elle est le cadre à une cérémonie familiale autrement réjouissante, les épousailles de Jacques Lunven et d’Anne Gouez, qui, elle , est originaire de Plouvien. Jacques a pour témoins Jean Lunven et Jacques Lossouarn. Il ne jouira d’ailleurs guère très longtemps vde son union avec Anne. Il décède six ans plus tard, le 21 novembre 1684. En revanche, l’épouse Anne Gouez jouira d’une vie plus longue, décédant, vingt-deux ans après son mari, le 26 août 1716. Il y eut certainement bien d’autres évènements à se dérouler à Saint-Yves du Bergot, ceux-ci sont ceux qui émergent des brumes du passé antérieur à la Révolution qui va changer le destin de la chapelle.

Travaux de restauration en 1685

Le premier réflexe lorsqu’on parle de restauration au Bergot est d’évoquer celle qui vient d’être récemment effectuée. ,Il faut néanmoins signaler les travaux faits il y a plus de trois siècles sur un édifice dont plusieurs éléments remontaient au XVIe siècle. Sur l’édifice qu’on pensait dépourvu d’inscriptions lapidaires, le récent nettoyage des murs a fait apparaître la date de 1685, à gauche de la baie du chevet, quatre chiffres gravés en faible relief certes, mais quasiment intacts et lisibles 1 6 8 et 5( ?). La date si modestement tracée loin d’être mise là par hasard est le fait d’ouvriers qui tiennent à laisser la trace de leur intervention. On voit d’abord que les montants de la baie du XVIe siècle du chevet conservent les témoins d’un remplage de pierre, aujourd’hui disparu. On constate , par ailleurs, que les rampants de la façade et du chevet ont subi des modifications. D’habitude les rampants des pignons découverts sont couronnés de chevronnières. Le terme que ne connaissent pas les dictionnaires, mais qui se trouve sous la plume des historiens d’art, désigne la ligne des blocs de pierre qui court le long du rampant. Chaque pierre au profil quelque peu trapézoïdal est dite assisée en sifflet. On le voit sans quitter Lannilis aux chapelles Saintes- Geneviève, Saint-Sébastien et Saint-Illuminat au manoir de Kerouartz. Or au Bergot le système tout différent consiste en une série de longues pierres rectangulaires .Une telle méthode , peu traditionnelle , se retrouve à Plouguerneau ,chapelle Saint Laurent , Saint Pol Aurélien, chapelle Sainte Anne(Enez-Cadec). Elle est le fait d’un ouvrier qui , lors d’une restauration , travaille à l’économie. Ces travaux exécutés vers 1683, se situent au temps de Jacques Lunven, évoqué plus haut vivait au Bergot.

Le glas de la révolution

Comme souvent dans l’histoire des paroisses , la Révolution, période charnière dans la vie des communautés, est celle qui riche en archives anciennes demeure la mieux documentée. En juillet 1791, les agents du district de Brest avaient ordonné la fermeture des chapelles existant sur la paroisse de Lannilis. Mais, o, s’en doute, l’application de la loi, qui avait provoqué le ressentiment de la population toute entière, se manifesta au Bergot de manière plus radicale que ailleurs. Une des causes en fut la suppression des messes du dimanche et des fêtes. Mais, pour des fidèles distants du bourg d’une grande lieue un tel état de fait ne pouvait qu’être fort mal ressenti. Aussi les habitants du Bergot commencèrent par se retourner contre la municipalité de Lannilis et particulièrement contre le maire girondin Denniel, (qui, disons-le entre parenthèses, sera happé par une Révolution qui le conduira à l’échafaud).La municipalité comprenant fort bien le souci d’administrés qui demandent 3 dès le 31 juillet au district l’autorisation d’ouvrir au culte le Bergot, de même que la chapelle de Poulfougou. Il semble que l’autorisation ait été donnée afin d’apaiser l’émoi de nos fidèles. En 1791 , on n’en est encore qu’au temps des premières mesures coercitives. La chasse aux prêtres »réfractaires » ceux-là mêmes qui se sont refusés à se soumettre à la Constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790, ira s’accentuant, provoquant de nouvelles flambées de protestations. Le 29 novembre 1792, est de nouveau décrétée la fermeture des chapelles devenues lieux de rassemblement séditieux qui font ombrage aux autorités en place. Un mois plus tard, le 23 décembre, revient donc au conseil municipal de Lannilis la question de la fermeture qui concerne un Bergot quelque peu surexcité. Face aux rassemblements nombreux qui se font dans les édifices désaffectés, le maire sortant, Deniel, est on ne peut plus clair »Il suffit, déclare-t-il laconiquement de vous dire qu’ils sont défendus par la loi… ».Jean-François Ponce qui prend la succession de Déniel, va endosser de lourdes responsabilités. On entre dans l’année terrible 1793 ! la persécution religieuse atteint son paroxysme par des mesures de plus en plus coercitives qui font fi des atermoiements locaux destinés à ne pas forcer les décrets venus de Paris. Ainsi , dès le 6 janvier 1793, les trésoriers des chapelles invités à rendre les comptes de leur gestion, sont sommés de s’exécuter promptement, avant le 20 janvier, juste la veille du jour où Louis XVI gravit les marches de l’échafaud dressé, à l’angle de la place actuelle de la Concorde, là où se dresse aujourd’hui la statue allégorique représentant la ville de Brest. Localement les évènements se précipitent. Le 24 février les citoyens Nicolas Duvel et François Ogor , habitants du bourg, sont commis pour dresser l’état de tous les meubles , effets et ustensiles en or et en argent se trouvant tant dans l’église mère de Lannilis que dans les chapelles dispersées sur le territoire de la commune.

L’affaire de la cloche

C’est sur ce fond de tracasserie que se greffe : l’affaire de la cloche. On le sait, la réquisition des cloches avait pour but de fournir le bronze nécessaire à la fabrication des canons. Dès janvier 1793, en certains endroits commence la descente des cloches , la République se préparant, à déclarer la guerre à l’Angleterre et à la Hollande(1er février 1793).Or lorsque Nicolas Duvel et François Ogor , cités plus haut, se présentent le 24 février au Bergot, ils trouvent le clocher vide. Flairant la réquisition, les habitants du quartier ont pris leurs dispositions. La cloche descendue se cache en un lieu connu d’eux seuls. L’affaire fera grand bruit. Consignée dans un long rapport de quatre pages nous en extrayons ce qui suit. On admirera au passage le style teinté du lyrisme propre à la littérature révolutionnaire. On respectera l’orthographe du plumitif chargé de la rédaction. « Le procureur syndic a dit : Citoyens administrateurs, un grand crime vient d’être commis sur le territoire de notre district. La cloche de la chapelle de N D de Neige, dite Poulfougou et celle de la chapelle du Bergot, situées sur la commune de Lannilis ont été volées dans leurs clochers même. Ponce, maire et Boulch, officier municipale de Lannilis nous l’apprennent par leurs procès verbaux du 30 juin dernier(juin semble être une coquille pour janvier) déposés ce matin à notre Directoire. La cloche de N D .de Neige a été volée et descendue à force ouverte le 29 janvier à sept heures du soir. L’enlèvement de l’autre est moins précise mais non moins criminel. Devions nous, citoyens, au moment ou nous nous occupions aux termes de l’arrêté du Département du 6 janvier 1793 , de la descente des cloches des chapelles fermées et inutiles, nous attendre à gémir sur un pareil attentat à la propriété publique et nationale ? Non sans doute, mais faisons treve à notre indignation , agissons, faisons parler la loi, mettons les organes en activité, et le crime sera découvert. IL sera découvert et les criminels seront punis. Le fanatisme qui ravage toujours nos campagnes a sans doute soufflé aux paysans crédules et ignorans (sic)qu’il gouverne encore. Mais le temps est venu ou l’imbécile même doit porter la peine de son crime, puisqu’il n’a pas le courage de mépriser ou d’éviter les conseils et les insinuations perfides des monstres qui les trompent : Le fanatique Auffret a en vain voulu se replier sur le scelerat Jegou, prêtre qui l’avait porté à commettre huit assassinats dans le même jour etc. » (d’après la photocopie d’un document d’archives communiqué par Jos Saliou de Saint Renan dont deux ancêtres furent jadis mariés au Bergot) Arch. Dép. Finistère 21 L 151)

La cloche actuelle

On se demandera ce qu’est devenue cette cloche. A-t-elle été replacée dans le petit clocher du Bergot après la Révolution. A-t-elle été remplacée par une autre ? Pour toute réponse nous avons à nous pencher sur la cloche actuelle. Or, il ne s’agit vraisemblablement pas de celle qui fut cachée à la Révolution. Le nom du fondeur qui est en relief sur la panse de chaque côté du crucifix est Briens /à Brest, remonte à la fonte même de l’objet. Or, la dynastie des Briens installée à Morlaix dès 1824, n’a essaimé à Brest que vers 1852, donc bien longtemps après la Révolution 4 où fut descendue la cloche du Bergot. Sur une cloche de Saint-Divy, le nom de Briens s’associe à celui de Viel, qui, lui, est implanté à Brest depuis au moins 1802. La cloche actuelle du Bergot, ne peut donc pas être celle qui fut cachée par les gens du quartier en 1793. Comme le système d’attache au lieu d’anneaux est un tenon épais percé d’un trou on pourrait la rattacher aux cloches qui se voyaient jadis sur les vaisseaux. On pourrait donc avoir affaire à une cloche de récupération venue de l’arsenal de Brest. Par ailleurs, la technique de la longue inscription apporte un jour sur l’histoire de l’objet. Gravée en creux à l’anglaise , elle est de toute évidence postérieure à l’époque de la fonte elle-même. En voici le texte. « J’ai été bénite en Novembre 1869 par Monsieur Abgrall curé et nommée Marie Josèphe Augustine – Parrain et Marraine Monsieur le Docteur Morvan, maire, chevalier de la légion d’Honneur et Madame Marie Josèphe Denise Audren de Kerdrel, née Paulou- Couvent de Lannilis – Supérieure Marie Liguori née Thérèse de Poulpiquet de Brescanvel ». La mention « couvent de Lannilis »semble en indiquer la provenance. Quant au maire, le docteur Morvan, il est connu pour être celui qui donnera son nom à l’hôpital Morvan de Brest. Ajoutons que la panse de la cloche en plus du Crucifix signalé plus haut s’orne d’une fort délicate image de la Vierge à l’Enfant, couronnée, les plis de sa tunique et de son voile finement traités, les pieds posés sur le croissant de lune, rappellent la femme de l’Apocalypse . Elle tient en main le lys de la virginité, tandis que le Jésus tenu en main gauche( une main énigmatique, soit dit en passant, ouverte mais gardant le majeur et l’annulaire joints) lui presse le sein.

La chapelle du Bergot après la révolution

A la révolution , le manoir et la chapelle qui en dépendait, mis en vente au titre de « biens nationaux »sont rachetés dès 1797, par les Clérambault eux-mêmes, possesseurs sous l’ancien régime . Résidant au Penhoat en Plounéour-Ménez ils installent au manoir du Bergot une famille Jaffrès dont Claude Jaffrès, et son épouse MarieAnne Le Daré sont signalés comme propriétaire du Bergot en 1839. En 1886 , le manoir est entre les mains des familles Salou et Fily. En 1969, en danger d’être démonté, il est racheté par Monique Léon qui y fait un remarquable travail de restauration. Quant à la chapelle qui ne fait pas partie du lot, après son dessaisissement par la famille Fily, elle devient propriété communale en janvier 2002.

Restauration contemporaine de la chapelle du Bergot

Les photos prises au fur et à mesure de la marche inexorable du délabrement de la chapelle sont éloquentes. Une charpente crevée qui se défait peu à peu, intérieur envahi par la végétation, murs et pignons nappés de lierre jusqu’au sommet du clocheton…L’état déplorable du Bergot signalé dès 1972 par Keranforest (Dominique de la Forest)dans la rubrique »Pierres et paysages » du quotidien « Le Télégramme », provoque l’émotion. Mais les choses iront lentement. Il ,faut attendre 1976, pour voir l’édifice inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Dix ans plus tard en 1986, naît l’association « Les amis de la chapelle du Bergot » qui passe, en 2000, le relais à la toute jeune association « Sauvegarde de Patrimoine de Lannilis ». L’an 2004, voit enfin entamer la campagne de restauration menée sous la direction de Léo Groas-Straaijer, attaché à « Breiz Santel », mouvement pour la protection des monuments religieux bretons, qui créé dans le Morbihan , a vite étendu son dynamisme au-delà des limites du Vannetais. Enlevée la végétation qui avait envahi l’intérieur de la chapelle, les fondations imperméabilisées sont consolidées, les murs latéraux, nord et sud retrouvent le niveau qui permet de poser la charpente de chêne et la toiture couverte en ardoises rustiques de Plévin. La fenêtre du chevet, à l’est , murée depuis un siècle est rouverte. Des vitraux, dus au talent d’Armel Le Fur(Lumivitrail, Pontivy) sont installés. Simples assemblages de verts losangés colorés de douces teintes pastel, celui du chevet est timbré vers le haut des armoiries des Bergoët : « d’argent au chevron de sable accompagné de trois coquilles de gueules ». Le devant de l’autel néo-gothique du XIXe siècle, grand quadrilobe fleuri encadré de colonnettes engagées provient de la maison de retraite de Landéda, où il ne servait plus. Une équipe de bénévoles peaufine l’intérieur, dallage du sol, arrangement du mobilier, murs enduits resplendissant de blancheur renvoyant la lumière.

Les quatre statues de la chapelle

5 Les statues qui avaient trouvé refuge en différents endroits lorsque la chapelle allait à la ruine, reviennent .La Vierge à l’Enfant de la chapelle de la maison de retraite de Lannilis. Le Saint Joseph de chez le particulier qui l’avait hébergée., Le saint Joseph et la Vierge de taille imposante, sont aujourd’hui posées à terre dans les angles du sanctuaire. Elles font partie d’une série de sculptures reconnaissables à leur style . Le rapprochement avec ce que l’on voit dans l’église paroissiale permet de désigner l’atelier qui les a produites. Dans « Lannilis au cœur des abers »l’abbé Albert Bossard signalait naguère que « les comptes de 1811 notent 480F, payé à Prigent Billant, sculpteur , pour la statue de saint Paul et deux anges adorateurs ». Or on voit bien que le saint Joseph dont la photo est reproduite dans le « Bulletin de la Société Archéologique du Finistère »(année 2002, p. 157), et la Vierge sont d’une facture analogue au saint Paul de l’église paroissiale sculpté par Billant.

Contre le mur du chevet au-dessus de la baie on a placé un Christ en croix offert par Adrien de Tonguedec et restauré par l’association « Sauvegarde du Patrimoine », tandis que des consoles fort simples portent un saint Yves et un saint Herbot. Saint Herbot , livre et crosse en mains , chapelet à la ceinture écarquille des yeux dans une tête grossièrement taillée en forme de grosse boule. Il entre, il est vrai, dans la catégorie qu’il est de bon ton de qualifier de »populaire », de « rudimentaire », d’ »artisanal », de « rural »autant de qualificatifs accordés, mais souvent à trop bon compte à « l’art breton »…Il n’en va pas de même du saint Yves le titulaire de la chapelle. On est en face d’une statue peu ordinaire. Sa facture montre qu’elle a été produite par un bon atelier du XVIe siècle.Mais il y a plus. Si la tunique rouge , recouverte de la robe de l’avocat, avec chaperon et barrette bleus, livre de prière pendant sous le bras l’apparente à bien d’autres saint Yves de Bretagne, le geste de ses mains est proprement original. A dire vrai, le sculpteur dote sa statue du Bergot d’un geste de mains unique . Sur un échantillon de quatre-vingt-dix représentations d’Yves Hélory de Kermartin, ce geste n’a guère d’équivalent. Essayez d’imaginer ces mains pouces écartés, les quatre autres doigts rapprochés pointées sur le cœur du personnage. Voilà le geste propre à l’orateur qui exprime l’intime conviction qu’il a dans les arguments qu’il avance, une traduction fort originale de la parole dite : « En mon âme et conscience… ».On peut affirmer que ceux qui jadis ont commandé l’image du patron de la chapelle du Bergot se sont adressés à un artiste inventif et observateur , capable de sortir de la routine qui se contente d’imiter ce qui s’est déjà fait. Les quatre statues que nous venons d’évoquer ont été restaurées par « l’association Sauvegarde du Patrimoine » , en 2009, grâce à la diligence de Madame Isabelle Gargadennec, conservatrice des AOA ( Antiquités et Objets d’Art).Le travail a été effectué par la maison ARTHEMA RESTAURATION (La Chavelais, Abbaretz, en Loire-Atlantique) et Daniel Le Goël de Bieuzy les Eaux. Notons que le saint Joseph a gardé la tète blanche de l’origine. La vierge à l’enfant qu’une main bien intentionnée avait polychromé avec vigueur l’a retrouvé. Cette blancheur qui aux yeux de certains paraît une hérésie s’explique. La mise en blanc d’une statue répond à un courant artistique qui a été vivace à certaines époques. En référence à la Grèce et à Rome, aussi bien qu’aux siècles classiques et baroques en Europe on a considéré, à juste titre, que le marbre était la seule matière noble qui convient à la sculpture. Ainsi, lorsque par économie et nécessité le sculpteur devait se contenter de bois, matériau bien plus ordinaire, on choisissait pour donner le change de le peindre en blanc quitte à filer sur les tissus des lisières dorées. Ce traitement a particulièrement été appliqué aux statues de la chapelle Saint-Jean à Plougastel-Daoulas.

Le culte à la chapelle du Bergot

Jusqu’au milieu du XXe siècle, avant que son délabrement ne l’interdise, le culte religieux a fait du Bergot un sanctuaire assez fréquenté. L’ »Echo de Lannilis » N° 29 du mois de mai 1959 donnait encore le calendrier des manifestations religieuses qui se déroulaient à la chapelle , au cours de l’année. Mois de Marie, en mai les jeudis au Bergot Messe à l’occasion des Rogations, pour le mercredi 6 mai, au Bergot à 7h30 Le pardon ayant lieu traditionnellement le lundi de la Pentecôte. Au retour la procession s’arrêtait un instant au calvaire appelé Croas-an Imaj. Le clergé y entonnait les vêpres du jour qui se continuaient ensuite jusqu’à l’arrivée à l’église paroissiale. En 1959, le pardon tombait justement le lundi 18 mai, on était à la veille de la Saint Yves.. Mais , allant à la ruine, le culte n’étant plus célébré au Bergot, le pardon lui-même tombant en désuétude le silence tomba sur le Bergot des décennies durant. 6 Le jour devait venir où la chapelle remise en état le pardon annuel pouvait de nouveau être célébré. Il le fut et en grande pompe en 2007, le lundi de la Pentecôte comme autrefois. Costumes bretons, croix et bannières, tout ce qui donne aux pardons bretons leur originalité tout y était. Mois de Marie et pardons ont lieu désormais chaque année. Ouverte à la belle saison , la chapelle Saint-Yves du Bergot trouve, comme tant d’autres chapelles, en marge de sa fonction purement cultuelle, un usage à destination culturelle. Elle a ainsi abrité des expositions de peinture l’été 2008 et l’été 2009, 2010, 2011, 2012.

(sources : article de Yves Nicolas dans le bulletin »Echos de Lannilis 1957,1959, 1960, 1963).

Annik Caraës,  Yves –Pascal Castel

 

 

 

 

Pardon du Bergot Lannilis 25/05/15


Vidéo   www.youtube.com/watch?v=OuPqZmdUdGA 

Pardon du Broennou Landéda 09/05/13

Pardon du Broennou Landéda 18/05/2023 présidé par le Père Janvier

Broënnou

 

 

 La chapelle se trouve au bord de la grève à 3 Km à l'ouest du bourg. Bien que pauvre Broënnou était paroisse, qui à la fin du 18ème siècle, ne comptait que 300 habitants environ. Dès avant la révolution il fut question de la supprimer parce qu’elle n’était pas en mesure d’entretenir un recteur. Cette suppression définitive se fit en 1809, avec son rattachement à Landéda.

Entre temps, l’église de Broënnou, le cimetière et le presbytère avaient été vendus comme biens nationaux.
La paroisse n’étant pas maintenue, l’église se dégrada, mais restait dans un état convenable. 

Le 20 octobre 1833, le conseil municipal déclara « que l’église soit érigée en chapelle comme annexe de l’église paroissiale de Landéda ». Peu à peu délaissé, victime des intempéries, la chapelle menaça de tomber en ruine.

On songea, dès 1858, à la restaurer et même à la remplacer par une nouvelle construction. De l’ancienne chapelle seuls le clocheton, le petit oeil-de-boeuf à l'ouest et la fenêtre est du pignon furent réemployés.
La croix de Broënnou (Haut Moyen Age), se dresse à l’entrée de l’enclos, une croix monumentale, monolithe à base maçonnée.

 

Au sommet de la côte abrupte qui y conduit est plantée une vieille Croix de granit, dite Croaz-an-Anez, d'où la vue s'étend magnifiquement sur l'horizon marin.

Pardon St Pol Aurélien Tréglonou 08/07/07

 

Pol Aurélien

 

Pol Aurélien, ou Pol de Léon, en latin Paulinus Aurelianus, en breton Paol Aorelian, est un saint breton et le premier évêque de la ville de Saint-Pol-de-Léon et du pays du Léon au VIe siècle. Il est fêté le 12 mars.

 

C'est un des Sept saints fondateurs de la Bretagne continentale. La ville de Saint-Pol-de-Léon est une étape du pèlerinage médiéval des sept saints de Bretagne continentale appelé aujourd'hui « Tro Breizh » (Tour de Bretagne).
L'icône de St. Pol Aurélien peinte pour l'Association orthodoxe sainte Anne (Bretagne).